NMP, le Nouveau Management Public ou le Nouveau Mirage de la Perfection profitable

Le « Nouveau Management Public » (New Public Management) trouve son origine dans les laboratoires d’idées néo-libérales des années 70. Elle fait partie d’un ensemble de recommandations destinées à mettre fin à des formes d’Etat-Providence jugées illégitimes et productrices d’effets anti-économiques. »

François-Xavier Merrien, Lien social et Politiques, n° 41, 1999 

Le NMP se veut …

une amélioration du rapport coût/efficacité du service public grâce à l’application des techniques managériales du secteur privé.

Elaborés pour optimiser à court terme des profits, ces outils transposés au public ne visent plus que la réduction des coûts, en niant ou négligeant les concepts fondateurs du service public.

Continuité du service ? Trop cher.

Egalité de traitement des usagers ? Inefficace.

Intérêt général ? Non mesurable.

On le voit, l’efficacité mesurée en temps réel est devenue le seul objectif du secteur public. Qu’ importe l’accès à tous, ou même la réponse aux besoins !

Le NMP dans les faits c’est …

l’État régalien qui se concentre sur le seul pilotage de l’action publique, sans la mettre en œuvre lui-même. Dans les services, les méthodes de décision des directions reposent sur la réactivité, par opposition à la programmation et la planification.

La gestion est assurée aux instruments par des techniques d’amélioration continue comme les démarches qualité, appuyées par des indicateurs de performance mesurables.

Les outils de gestion ont pris le pas sur le service aux usagers.

Sans parler de l’indépendance des fonctionnaires, sacrifiée à l’outil « salaire au mérite ».

Le NMP nous conduit droit dans le mur

Le retour d’expérience des pays anglo-saxons démontre sans ambiguïté l’absence de bénéfice, même sur l’efficacité, et au contraire les effets pervers importants du NMP (voir Merrien, cité ci dessus). Ce constat a été fait avant l’an 2000, mais n’a pas ralenti pour autant la mise en œuvre de l’outil, preuve s’il en fallait de la prédominance de l’idéologie sur la réalité en la matière !

De façon très perceptible, la recherche forcenée d’efficience induit une perte de sens totale pour tous les agents. En particulier, les cadres de proximité sont bien en peine d’expliquer les orientations et les choix erratiques de la force publique. De plus, les réorganisations successives, incessantes, dictées par une gestion sans stratégie, rendent totalement illisibles les structures publiques et leur fonctionnement.

Incompréhensibles de l’extérieur comme de l’intérieur, les agences et les directions interministérielles ne représentent plus un service public pour lequel le citoyen pourrait se mobiliser. Les agents quant à eux ne se reconnaissent plus dans un collectif de travail et ne s’investissent plus que pour leurs carrières … dans le « meilleur » des cas.

Les outils du NMP ne sont pas neutres, ils imposent la façon de penser, les présupposés et les préjugés des idées néo-libérales, sans les exprimer.

Bref, le NMP c’est l’obsession du contrat : garder les yeux rivés sur le tableau de bord pour corriger vite tout écart aux instructions chiffrées, pendant que le paysage défile, avec les besoins laissés sur le côté de la route.

Plus que jamais il est nécessaire de remettre en avant les spécificités du service public, qui doivent aussi être celles de la fonction publique.

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